Et pas par n’importe qui. C’est la prestigieuse maison de ventes aux enchères Sotheby’s qui organise sa première vente aux enchères d’une œuvre créée par une IA. Le tableau « A.I. God. Portrait of Alan Turing », réalisé par le robot-artiste Ai-Da, est estimé entre 120 000 et 180 000 dollars. Ouf !
De quoi flouter la frontière déjà bien imprécise entre artistique et technologique…
C’est l’exposition du Musée d’Orsay « Le jour des peintres » où 80 peintres contemporains exposaient leurs toiles, habilement disséminées dans la collection permanente (avec les artistes présents pour échanger avec le public) qui a fait réagir notre Gaspard Koenig, philosophe au verbe précis et incisif.
Il a réagi au sujet de cette expérience via une tribune dans Les Echos que vous pourrez lire ci-dessous. En s’attachant à démontrer que l’art contemporain nous donne à voir ce que nous avons fait de la nature… Revigorante et si intelligente prose.
Nota : il cite le passionné et passionnant Hector Obalk qui s’est donné comme mission de nous expliquer l’histoire de la peinture en moins de 2 heures. Si vous n’avez pas vu ce spectacle, courrez-y…
C’est en 1793, à Vienne, que Franz Xaver Messerschmidt crée l’événement en présentant, non pas des portraits sculptés de commande comme il a pu le faire auparavant, mais « les têtes de caractères ». Il s’agit de 49 autoportraits qui n’ont rien à voir avec ce qui se fait et ce qu’il a fait précédemment (comme pour la statue de l’impératrice Marie-Thèrèse d’Autriche). Non, là il s’agit d’incroyables rictus, comme autant d’expressions différentes, plus effroyables qu’esthétiques.
Un sculpteur vexé qui montre ce qu’il ressent
Parce que Franz Xaver Messerschmidt est présumé fou. 20 ans plus tôt, dans les années 1770, il se voit refuser un poste de professeur et les commandes deviennent rares. Il est soupçonné d’être un danger pour les élèves : sa santé mentale inquiète. Se retrouvant sans revenus, il quitte la capitale pour rejoindre son frère (sculpteur lui aussi) et commence à travailler à ses traits de caractères, ces figures qui expriment tous les états dans lesquels il passe.
L’artiste a appelé les œuvres Kopfstücke (pièces de tête), et elles représentaient pour lui toute la gamme des expressions humaines, qu’il estimait à 64.
Une œuvre fondatrice, beaucoup étudiée, beaucoup copiée, jamais égalée.